Être perfectionniste sonne souvent comme une malédiction pour celui qui l’est, et si son travail est souvent impressionnant et revêt de grandes qualités pour les autres, le vivre au quotidien peut être très contraignant. En plus du temps investi de manière démesurée sur une seule tâche, se contraindre à atteindre une perfection imaginaire vous place dans un stress intense. Cela peut même aller jusqu’à la paralysie et vous empêcher d’entreprendre quoi que ce soit. En effet, pourquoi commencer quelque chose puisque ça ne sera jamais assez bien ?
Heureusement, il existe des pistes pour relâcher la pression et vous apprendre à donner du mou.
Perfectionniste ou rien
Si le mot perfectionniste est passé dans le langage courant pour désigner quelqu’un de très pointilleux avec des standards d’excellence vraiment hauts, c’est aussi une pathologie mentale sous sa forme extrême. La plupart des perfectionnistes ont une forme légère, mais à un stade avancé il est préférable de se faire aider.
Être perfectionniste est souvent associé à certaines qualités comme la fiabilité, la précision, la dévotion. Elles peuvent apporter du bien-être aux autres, mais le prix à payer est pour vous et il est élevé. Comme la perfection est en soit un idéal inatteignable, cela vous condamne à du stress, de la frustration et vous empêche d’être pleinement satisfait. Vous vivez aussi sous le joug d’une autocritique permanente, ce qui nuit à votre confiance en vous. Cela écarte aussi de vous les bénéfices liés à l’apprentissage, car en étant focalisé sur le résultat, vous oubliez les ressources qui se trouvent sur le chemin.
Apprenez à être rigoureux, pas perfectionniste
En étant rigoureux, vous aurez les qualités d’un perfectionniste, mais pas ses défauts. La différence majeure entre les deux, c’est qu’une personne rigoureuse retire de la satisfaction et du bien-être de ses accomplissements. Elle sait doser ses efforts pour atteindre ses objectifs et n’est pas dans une projection idéalisée. Elle reconnaît sa valeur et apprécie justement ses capacités et son travail. Mais pourquoi est-on devenu perfectionniste ?
Comme beaucoup de nos traits de caractère, l’inné et l’acquis se mélange. Les perfectionnistes ont souvent une tendance à la rigueur et à l’organisation. Ils sont prévoyants, vigilants, prudents et ont à cœur de bien faire les choses. Émotionnellement, ils ont une tendance à l’expérience des émotions négatives comme la colère, l’anxiété, la culpabilité et la déprime. On appelle ça le neuroticisme (ou névrotisme).
Si l’on couple ça avec des parents très exigeants ou eux-mêmes perfectionnistes, l’enfant cherchera à atteindre la perfection, car il pensera que c’est ce qu’on attend de lui pour être aimé.
Entamer le changement
Dans l’article sur la communication pendant une dispute, je vous décrivais un exercice pour maîtriser une émotion forte, celui-ci est complètement applicable dans cette situation. Une fois l’émotion négative apaisée, il vous faut revenir à froid sur le processus qui vous a traversé et vous poser des questions :
- Que c’est-il passé, quel a été l’élément déclencheur de mon émotion ?
- Trouvez les émotions précises qui vous ont traversé
- Reliez les émotions aux faits, quelle émotion à quel moment
- À quelle point mon émotion est-elle grave sur une échelle de 1 à 10 ?
- Est-ce que je peux corriger mon erreur ? Si ce n’est pas possible est-ce que je peux passer outre et me décentrer d’elle ?
Analyser le processus que vous traversez de manière réaliste vous permet de ne pas céder au tourbillon d’émotions négatives et de vous ancrer dans la réalité. N’hésitez pas à écrire vos réponses à ces questions, cela vous permettra de suivre le chemin parcouru et de comprendre quels sont vos déclencheurs récurrents.
Personnellement j’avais un blocage sur le fait de dessiner, je ne voulais pas apprendre, car je savais que le résultat ne serait pas à la mesure de mon ambition. J’ai finalement acheté un cours en ligne du dessinateur Puño. Celui-ci analyse très bien le processus qui peut mener au blocage des élèves et nous force à nous concentrer sur la sensorialité du dessin. On se focalise alors non plus sur l’attente d’un résultat, mais sur le plaisir qu’il y a à tirer un trait, à colorier soigneusement et on progresse petit à petit. Je crois que l’on peut trouver dans tout apprentissage des bénéfices, comprenez ce qui vous fait vibrer pour apprendre à profiter du voyage et pas seulement du point d’arrivée.